Jean - Michel Laty - Business Angel
Portrait de Business Angel
Dernière mise à jour en avril 2022
Diplômé de Sciences Politique à l’IEP de Paris, Jean-Michel a fait carrière dans le secteur bancaire. Directeur Générale de la BRED Banque Populaire pendant près de 10 ans, succédant à près de 17 ans comme Directeur Général de la BICS, devenue Banque Populaire Rives de Paris, Jean-Michel a toujours porté beaucoup d’intérêt au secteur professionnel et au monde de l’entrepreneuriat. Aujourd’hui Business Angel Investessor, Jean-Michel a investi dans 6 startups depuis 2017.
VOTRE VISION
Qu’est-ce qu’un Business Angel d’après vous ?
Un Business Angel est un investisseur qui veut placer son argent dans de jeunes entreprises.
Quel(le)s sont vos motivations, vos attentes/objectifs ?
Cette activité de Business Angel s’inscrit, pour moi, dans la continuité de mon parcours professionnel dans la Banque Populaire, qui a toujours eu pour mission de financer le monde professionnel. Ce sujet me passionne depuis toujours car la création d’entreprise, ou de startups, est un sujet stratégique qui permet de reconstituer le tissu économique. Ma motivation n’est cependant pas uniquement intellectuelle, elle est également financière.
Au moment d’envisager ma retraite, je me suis tourné naturellement vers l’activité de Business Angel pour rester proche de l’entrepreneuriat. Dans un premier temps, j’ai commencé par investir des sommes significatives dans des projets avec un double objectif : rester en contact avec la vie économique d’une part et avoir une approche opérationnelle d’autre part, en intégrant le Comité Stratégique ou le Conseil d’Administration. J’ai ainsi investi dans 4 startups. En 2017, j’ai découvert WeLikeStartup et j’ai adapté ma stratégie : dorénavant, mes investissements sont moins importants et je les répartis davantage. Dans un second temps, je me suis investi, au titre d’une activité bénévole, dans un groupe de protection sociale.
Existe-t-il, d’après vous, un profil idéal de Business Angel ?
Je pense qu’il vaut mieux avoir été entrepreneur soi-même, même s’il existe évidemment des exceptions. Les différents aspects de la gestion d’une entreprise, qui va de l’animation des collaborateurs à la gestion de la trésorerie, représentent chacun un réel enjeu pour la survie du projet.
VOS EXPERIENCES
Quels sont vos critères de sélection des projets ?
Mon premier critère, et le plus important, est la personnalité du ou des dirigeant(s). Le second critère est le projet lui-même. Dans Meet in Class, projet dans lequel j’ai investi, j’ai retrouvé ces deux qualités : des dirigeants sympathiques et à l’écoute, un projet qui me plaît. Je suis une règle que j’appliquais avec mes équipes : ce n’est pas tant le secteur qui est important, mais le dirigeant. Pour cela, je m’intéresse au Radhar, le test de personnalité pour les entrepreneurs, que je considère comme le nerf de la guerre. Radhar permet de systématiser l’approche de la personnalité du porteur de projet pour confirmer, ou infirmer, le ressenti subjectif du Business Angel.
Quelles ont été vos expériences les plus positives ?
J’ai été sollicité par un ami pour créer un fonds d’investissement dans les sociétés côtées africaines. Il a lui-même dirigé pendant des décennies Bank of Africa et a piloté l’opération. Nous avons investi dans les bourses d’Abidjan, de Nairobi et de Casablanca et nous venons de solder positivement cette affaire. Au-delà du bénéfice financier, ça a été une belle aventure sur un marché prometteur.
Je participe aussi à un fonds spécialisé dans le financement long de prêt sur stock, Gageo. Nous avons intéressé deux investisseurs déjà et, avec ces fonds, nous finançons les stocks des entreprises. J’apprécie beaucoup de collaborer avec les dirigeants de ce fonds.
Avez-vous eu des déceptions ?
Compte tenu de mon métier, je connaissais les risques financiers en me lançant dans cette activité. Par conséquent, sur ce plan précis, je ne peux pas dire que j’ai eu des déceptions. Même si j’ai perdu de l’argent, je savais que ce risque était très élevé. L’essentiel est que le solde de l’ensemble de ces investissements soit au final positif.
Si je dois réfléchir à des déceptions, ce ne sera pas en lien avec les investissements en startup, mais davantage par rapport à des situations relationnelles. J’ai parfois l’impression de ne pas être écouté, soit parce que je suis face à des interlocuteurs qui ne veulent pas entendre soit parce que je ne sais pas convaincre. D’un tempérament plutôt extraverti, je reconnais que je ne mets pas toujours les formes pour communiquer et alerter de manière adéquate. Actuellement, je suis toujours au capital d’une startup dont je pressens, depuis 4 ans, des difficultés de plus en plus graves. Je tente de convaincre les porteurs du projet de l’intérêt de se rattacher à un partenaire, notamment celui que les porteurs ont eux-mêmes trouvé, mais ces derniers semblent craindre de perdre le contrôle de leur projet. Or s’allier à un partenaire est parfois la solution pour faire perdurer le projet. Je pense que le sujet des partenaires est un sujet majeur en France, où les entrepreneurs ont encore cette illusion de pouvoir gagner seul, même quand les signaux sont rouges.
La personnalité de l’entrepreneur peut aussi être problématique. J’en distingue deux types : les plus jeunes, qui se montrent souvent trop confiants et s’enthousiasment facilement, et les plus matures, intelligents et expérimentés dans leur domaine mais plus rigides. Je pense à un cas réel où le porteur du projet est du 2etype. Il connaît bien son sujet et porte un projet intéressant et prometteur, mais il n’a pas les réflexes d’un entrepreneur : par exemple, il ne se questionne pas sur la réalité économique du marché qu’il vise, ni sur le timing pour y introduire son projet. En tant que Business Angel, nous devons le canaliser.
VOTRE BILAN
A ce jour, quel est votre bilan ?
Mon bilan est positif. J’ai investi dans 6 startups avec Investessor et je suis toujours à leur capital. J’ai également fait des investissements en dehors du réseau. Au sein du réseau Investessor, j’apprécie tout particulièrement le travail préparatoire qui est bien réalisé, ainsi que le travail d’instruction et la mise en place d’une forme d’intéressement pour le Business Angel qui suit le projet dans le temps.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait devenir Business Angel ?
A un novice, je recommanderais d’assister aux sessions de formation, que je trouve bien conçues.
Contact rédaction : Kathy Percevejo, chargée de communication kathy.percevejo@welikeangels.fr